Self-défense

[Couplet 1]
On veut être dans l’sport, dans la musique, dans la pègre
Le système vend aux bougnoules et aux nègres les rêves d’une réussite falsch comme un bootleg
Quand Alain devient Al Capone, tu sais ce que ça donne
C’est le tribun qui finit aphone, le cerveau qui devient smartphone
Je rappe, mon message n’est ni celui du Messie, ni celui de l’Antéchrist
Et moi je ne suce personne pour rentrer en playlist
Ici, souvent la raison fait des incartades
La rue c’est Jakarta, tu peux avoir un gun à l’âge où tu devrais avoir un cartable
Frère, mon rap n’est pas thérapeute
J’appartiens à ces banlieues qui se heurtent
Au fait qu’on les évoque seulement quand il y a des émeutes
Et ce bled peut aller s’torcher, dans le gouffre je suis perché
Tellement underground, même les Chiliens peuvent pas venir m’chercher
La rime est dans la peau d’un tank, je viens pour tout raser
Quand tout l’monde est déterminé, il y a longtemps qu’je suis blasé
La plume ne s’rend pas compte des dégâts qu’elle cause
J’reviens, faut qu’j’aille chier un coup, demande au rap français s’il a besoin d’ quelque chose

[Refrain (*2)]
J’rentre dans les couplets comme on rentre dans un braquo
Un majeur tendu en effigie sur mon drapeau
C’est self-défense puisque ce bled veut ma peau
C’est à base de coups d’feu quand la rue me dit bravo

[Couplet 2]
Vis dans cette rengaine dans laquelle le quotidien me menotte
Fuyant une destinée de manut’, exclu qu’on exécute, paria qu’on persécute
Pas né avec la couleur qu’il fallait, j’me souviens j’suis venu au monde sous le coup d’un mandat d’arrêt
En 1973, avant que la France nous métamorphose en blacks
Je suis né, j’ai vécu, enfant noir du côté d’Kaolack
J’y trouve ma force, sans nourrir le communautarisme
Qui n’est qu’un autre concept par lequel Babylone te dresse comme une otarie
J’suis là avec mes soces à squatter un banc de la cité
Quand les condés passent, c’est ambiance patrouille de chars blindés en territoire occupé
Rien d’super, j’me suis fait dupé, n’aspire qu’à l’égalité
J’n’ai ni besoin qu’on m’fasse la misère, ni besoin qu’on vienne me sucer
Accompli, lyriciste douteux
Moi ça m’saoule les MC qui n’ont plus rien d’autre à rapper
À part que les gens seraient jaloux d’eux
À part ça leurs rimes, c’est le désert du Sahel
La musique, ça n’peut que puer la merde quand il n’y a qu’l’amour de soi qui s’attache à elle

[Refrain (*2)]
J’rentre dans les couplets comme on rentre dans un braquo
Un majeur tendu en effigie sur mon drapeau
C’est self-défense puisque ce bled veut ma peau
C’est à base de coups d’feu quand la rue me dit bravo

[Couplet 3]
Ici le bien-être n’est pas un dû
Il ne reste qu’au peuple toxico de kiffer son shoot lorsque les Bleus marquent un but
Voici la voix de ceux que le monde écarte
À moi en particulier, cette société ne me dit rien, à part introduisez votre carte
À l’abri des regards indiscrets, tapez votre code
Retirez votre carte, prenez vos billets, enfilez-vous le gode
Ce dialogue de sourds justifie en partie les sales coups auxquels ont recours les petits frères dans les tours
Vas-y ma gueule, fais ner-tour
Pendant c’temps, toutes leurs tendances me les brisent
Moi, le son sur les ondes me tape sur le stème-sy
J’écoute l’after sur RMC
Mieux vaut éviter d’prendre des balles pour une terre promise
Grosse erreur d’être MC, j’te souhaite de ne jamais croiser une MPC
Les rappeurs qu’ont plus les pieds sur Terre y en a partout
Veut pas rapper H-24, ils veulent tous être comme Booba
Passent des heures sur Badoo
Toujours avec la vérité en featuring
Allez, au revoir, bonne année
Je n’fais que passer
En mode lyrical drive-by shooting

[Refrain (*2)]
J’rentre dans les couplets comme on rentre dans un braquo
Un majeur tendu en effigie sur mon drapeau
C’est self-défense puisque ce bled veut ma peau
C’est à base de coups d’feu quand la rue me dit bravo

[Outro]
Bravo (*8)
A fucking L
Matière mother fucking première