Léo Ferré
Léo Ferré
Léo Ferré
Léo Ferré
Léo Ferré
Léo Ferré
Léo Ferré
Léo Ferré
Léo Ferré
Léo Ferré
Léo Ferré
Léo Ferré
Léo Ferré
Léo Ferré
Léo Ferré
Je suis le tapin de la Lune
Sur le macadam à Greenwich
Et mes jupons troués de lunes
Se retroussent devant l’anglich
Je suis la copine à radar
Ce curieux ce flic ce voyeur
Et chaque fois qu’il est de quart
Je me mets à poil sans pudeur
Je suis la plage d’océan
Où je compte des grains de sable
Que je refile à un marchand
En société avec le diable
Je suis la gomme à effacer
Les gratte-ciel au crépuscule
Et le buvard qui vient sécher
Les mains moites des funambules
Je suis la couche du soleil
Qui ferme ses yeux dans mes mains
Chaque soir en grand appareil
Avec des étoile(s) à mon sein
Je suis la voûte impénétrable
Des oiseaux fous volant de nuit
Et qui picorent à ma table
Des logarithme(s) et du défi
Je suis le jour des yeux crevés
Et qui regardent en dedans
Des couleurs à réinventer
Que ne voient jamais les voyants
Je suis l’orgue des anonymes
Qui me pelotent de leurs doigts
Avec des cris d’amour sublimes
Qui me jaillissent malgré moi
Je suis la femme du soldat
Sur un châlit de paille rêche
Qu’il prend perhaps pour de la soie
Tellement mes rêves le lèchent
Je suis la lame du bandit
Que le crime paie quelquefois
Et quand on parle de minuit
C’est en plein milieu de chez moi
Je suis la soie du condamné
Comme une araignée je déroule
La toile du remords et fais
Qu’au petit jour il perd la boule
Je suis la graine d’hôpital
Qui pousse des fleurs mécaniques
Pétales d’aube et de bocal
Où baignent mes nuits romantiques
Je suis la raison d’espérer
De l’anarchiste et du poète
Et je tiens leurs idées au frais
En attendant qu’on les achète