Pourparlers

Regarde un enterrement, ça en dit long sur une famille
Regarde un deuil national, ça en dit long sur une patrie

Une nouvelle fois, la foudre a frappé, encore
Encore une année marquée par le sang d’innocents morts
Un brin de deuil a laissé place à la panique
En un rien d’temps, on en revient aux débats classiques

D’abord la gauche contre la droite puis une fracture bien plus profonde se dessine
L’unité nationale n’a pas inclus tout le pays
Pas question de signer le pacte républicain post-charlie
Ecrit de la main de ceux qui la serrent à des despotes fascistes

Cher citoyen, qui y adhère et donne ton blanc-seing
On n’a plus rien en commun, ou presque

Pas ensemble, en rien uni, s’indigne de manière sélective
N’entend que les cris de certaines injustices bien précises
Lisent « Marianne », parfois ils sont de gauche
Tolérant les musulmans, mais faut pas non plus qu’ils se montrent trop

Admirent ces immigrés venus trouver un taff
Enfin qu’on soit clair, les taffs qu’on n’aimerait pas faire pour ce salaire
Offusqués à la moindre marseillaise sifflée
Ils aiment condamner chaque fois qu’un symbole de leur nation est ciblé

Pour le reste, ils sont toujours plus nuancés
Parle-leur du climat xénophobe, ils te sortent un fait divers pour compenser

Sauf que les enjeux n’ont rien à voir
On parle d’un système discriminatoire, à savoir
Des conditions qui font que les « racisés » habitent au même endroit
Qualifiés, ils restent assignés aux plus précaires emplois

C’est cliché ! J’aimerais dire autre chose…
Mais c’est en bonne partie vrai…
La tolérance sans la justice, je laisse ça aux manifs de bisounours
Qui prônent la clémence pour leur pote arabe et le charme du couscous

Quelle hypocrisie ces slogans et ces grands mots
Quand les fondements qui discriminent ne sont jamais remis en cause
Ils blâment les flics le 1ier mai mais dénigrent les quartiers
Remarque, leur union populaire, elle est surtout pour les athées

Prêts à sacrifier l’voisin pour un peu de soleil. On en est là
Une minorité enfonce une autre, sous les yeux complices d’une majorité lâche
Et finalement, c’est la même économiquement
La classe moyenne lorgne les faveurs du système en le sponsorisant

L’état d’urgence, l’écologie ou la retraite
Que des débats confirmant tous la soumission des sociales-traitres
Y en a marre de leur posture, marre de leurs compromis bidons
Marre que leur nuance entretienne les injustices les plus criantes

Marre, on ne peut plus nous tromper, c’est l’heure des comptes
Les masques sont tombés, c’est à nous maintenant de leur faire front !

Faire front oui mais lequel ?
Changer le monde ? Toute la question c’est comment le faire ?
Rien de plus stérile qu’avoir raison seul dans son coin
Passer son temps dans la provoc des autres à défaut de les convaincre

Pourtant, les arguments ne manquent pas, mais avouez
On préfère crier des banalités comme s’il fallait les prouver
Y a d’la précarité, des inégalités
Y a des minorités qui sont discriminées

A part quelques illuminés, sérieux, qui le conteste ?
Le vrai débat, c’est surtout qu’est-ce qu’on fait dans le concret ?
Le bruit du carnaval ne couvre plus celui des bombes
Un seul défi : nourrir des monstres ou bien construire des ponts

J’ai choisi, l’art du compromis contre toute forme de fanatisme
La conviction de la lutte contre la force du fatalisme !
Alliance de valeurs contre accord de Munich
Savoir nouer des liens forts quand les moyens sont multiples

Contrechamp tirait sur le monde entier
Puis Contre-pied a retourné l’arme contre ceux qui prétendent le changer
Au cœur d’un désastre annoncé, besoin d’un langage Franc-parler
Le savoir une arme, gun sur la table, j’engage les pourparlers
- - - - -
Non, non, nos provoc’ ne suffiront pas
Non, les actions coup de poing ne gagnent pas seuls les combats
Mais On peut dire pareil des actions citoyennes
Pareil des résolutions quotidiennes
Faudra tout ça mais on préfère se mater en chien de faïence
Au lieu de rechercher des dynamiques d’alliances

Pas dans n’importe quel cas, pas à n’importe quel prix
On sait que les faux alliés peuvent être nos pires ennemis
Pas tant un appel aux regroupements naïfs
Qu'une forme d'incitation à refuser tous nos jugements hâtifs
Ne soyons pas dupe
Il ne s'agit pas de convergence mais de connexion des foyers de lutte
Pour défendre, pour bâtir
Pour tenir sur la distance des alternatives crédibles
Les besoins ? Là aussi la liste est longue
...
Besoin du milieu militant, besoin de citoyens lambda
De gens qu'ont des moyens et de la France de tout en bas
Besoin d'ouvrir des squats et de négocier en préf’
De monter des boites et de soutenir des salariés en grève
De défendre physiquement nos positions
De développer des arguments pour convaincre l'opinion
D'entraineurs de foot, de fonctionnaires d'état
De casseurs de symboles et d'organisations légales
On a besoin de tout ça donc participe là d’où t'es
Fini de se poser mille questions qui nous excusent de ne pas bouger
L'intransigeance a des vertus et des limites
Le défi est d'avoir des moyens d'action et ceux de sa critique
Je clôture la trilogie pas le débat
350 mesures plus tard, moi-même je suis pas fixé
J’ai posé toutes les cartes sur table. A vous de participer
Depuis le départ, ces textes n’ont d’intérêt que dans le partage d’idées