L’automne des bloc-notes

[Souleymane Diamanka]
C'est l'automne des bloc-notes
Beaucoup de feuilles sont mortes, j'ai trop de mots
Poésie trompe-l'œil, ça tombe comme des trombes d'eau à la saison des vents violents
Qui aime mes poèmes me suive
Il y a d'la sueur et du sang dans cette voix suave, m'ont dit certains
Sers-toi
Rince-toi l'oreille surtout, c'est ma première sortie depuis des lustres
Toi, Diaby Djenaba, poète peul né quelque part en Afrique de l'Ouest
Et si tout changeait du jour au lendemain
Regarder par la fenêtre et dire
Y a pas un chagrin dehors, cette nuit le malheur s'est fait mal aux mains
On m'appelle Nyomin Kabi, l'homme qui vient de la mer
Je viens de là où les vents hurlent
Avec des voix de loups
Je me souviens avoir fait les vœux que les étoiles voient de loin
Quand elles m'ont demandé, toi qui étudie la quiétude, qui es-tu
J'ai répondu, c'est moi l'humain
Et je prie pour que la naïveté de l'ange
Rende le démon moins malin
Il y aura toujours un lendemain
Un jour heureux de naître
L'amour est mon ami mais pour qu'il puisse me reconnaître
J'ai dû retenir qu'il valait mieux être victime d'une injustice que la commettre
J'écris à contre-jour
Je brise la loi des saisons avec un chagrin dans la gorge
C'est l'automne des bloc-notes
Beaucoup de feuilles sont mortes, j'ai trop de mots
Poésie trompe-l'œil, ça tombe comme des trombes d'eau à la saison des vents violents

[Kayna Samet]
Dehors, les vents d'aurore
Défient les feuilles
Feuilles d'automne
La durée d'un arc-en-ciel
Monochrome, malade
C'est l'aube, et j'étends enfin les paupières
Les saisons sources, dernier soleil
Et chaque mot
Poésie sacrifiée
Résiste comme les sages sous des trombes d'eau
Cherche un phare dans la tempête
Et j'écris du cœur
J'reste là, j'attrape les branches
Que les mômes me tendent sur l'autre rive
C'est l'automne, l'automne des bloc-notes
Tous les fleuves déferlent
Saison des pluies
Toutes les feuilles s'envolent

[Souleymane Diamanka]
C'est l'automne des bloc-notes
Beaucoup de feuilles sont mortes, j'ai trop de mots
Poésie trompe-l'œil, ça tombe comme des trombes d'eau à la saison des vents violents
C'est l'automne des bloc-notes