Mon père disait :
"C'est l'vent du nord
Qui fait craquer les digues
À Scheveningen
À Scheveningen, petit
Tellement fort
Qu'on n'sait plus qui navigue
La mer du Nord
Ou bien les digues
C'est le vent du nord
Qui transperce les yeux
Des hommes du nord
Jeunes ou vieux
Pour faire chanter
Des carillons de bleus
Venus du nord
Au fond d'leurs yeux"
Mon père disait :
"C'est le vent du nord
Qui fait tourner la Terre
Autour de Bruges
Autour de Bruges, petit
C'est le vent du nord
Qu'a raboté la terre
Autour des tours
Des tours de Bruges
Et qui fait qu'nos filles
Ont l'regard tranquille
Des vieilles villes
Des vieilles villes
Qui fait qu'nos belles
Ont le cheveu fragile
De nos dentelles
De nos dentelles"
Mon père disait :
"C'est l'vent du nord
Qui a fait craquer la terre
Entre Zeebruges
Entre Zeebruges, petit
C'est le vent du nord
Qu'a fait craquer la terre
Entre Zeebruges et l'Angleterre
Et Londres n'est plus
Comme avant le déluge
Le point de Bruges
Narguant la mer
Londres n'est plus
Que le faubourg de Bruges
Perdu en mer
Perdu en mer"
Mais mon père disait :
"C'est le vent du nord
Qui portera en terre
Mon corps sans âme
Et sans colère
C'est le vent du nord
Qui portera en terre
Mon corps sans âme
Face à la mer
C'est le vent du nord
Qui me fera capitaine
D'un brise-lames
Ou d'une baleine
C'est l'vent du nord
Qui me fera capitaine
D'un brise-larmes
Pour ceux que j'aime"