Les dimanches

Ceux qui dis'que les dimanch'
Sont jours d'ennui d'espoir qui flanche
N'ont donc jamais mal dans le dos
Pour n'avoir pas besoin d'repos

C'est jours de s'main'qu'on paie les compt'
Qu'on se lèv'tôt et qu'on a hont'
De n'avancer qu'à pas de chat
Dans un métier qu'on n'aime pas

Mais c'est dimanche que s'assoient
Ceux qui ont pain & amitié
Ceux qui n'ont rien regard'couler
Le son des cloches sur les toits

C'est jours de s'main' que les enfants
Dans des cahiers apprenn' apprenn'
Combien y a d'trois dans un'douzain'
Combien vieillir c'est inquiétant

Mais c'est dimanche que Ti-Jean
Va voir Marie sa souveraine
En complet bleu c'est le seul temps
Qu'il tourne dos à la semain'

C'est jours de s'main' que l'on enterr'
Ses morts, ses rêv' et ses folies
C'est jours de s'main' que les bandits
Pillent les banqu' et tuent leurs frèr'

C'est jours de s'main' qu'on pousse portes
Qu'on offre bras, idées, talents
Qu'on s'fait bafouer et qu'on rapporte
Plaies aux épaules, plaies en dedans

Mais c'est dimanche qu'on s'arrête
Comm'dans le creux vert d'une baie
Et qu'on enlève son collier
Pour oublier qu'on est des bêtes