Ce soir je m´en vais vers le large
Sur ce rafiot,qui a passé l´âge
De pleurer chaque départ
Paré pour larguer les amarres
On embrasse les femmes,les enfants
On s´verra pas avant longtemps
Les matelots font la prière, à bord de ce vieux loup de mer
Ce trois-mats de baie de saint Malo, attire les bonshommes, les badauds
Qui pour rien au monde mettraient l´ pied
Sur ce navire, machine a tuer
Qui fait pleurer dans les chaumières, quand les maris ne reviennent guère
Laissant leurs entrailles aux poissons, le corbeau meurt a la maison
A la porte du voyage
Quand le corbeau prévoit l´orage
Les femmes saluent leur marin
Un vieux mouchoir blanc dans la main
A la porte du voyage
Le vent prend les voiles à son bord
Direction la mer du nord
Adieu les falaises du Tregor
On charge on remplit le thonier
La vinasse qui va nous réchauffer
Cette vieille barque n´a qu´à bien se conduire
On s´bourre la gueule pour mieux la t´nir
Les chaloupes n´en font qu´à leur tête
Et le vieux Jacques n´a plus sa tête
Il dit qu´pour lui c´est la dernière, qu´il va la glisser en mer
A la porte du voyage, quand le corbeau sort de sa cage
Nous on s´enferme dans c´te caveau
Ça nous mène les tripes en bateau
A la porte du voyage, j´ te raconte pas comme c´est la guerre
Quand faut t´nir le monstre en pleine mer
Ce soir j´l´ai amer, on pêche le malheur, Bon Dieu! c´est l ´horreur
Trois cent corbeaux survolent la mer
Trois cent marins finissent au cimetière
C´est un peu ça mon vieux, la mer n´est pas un jeu
Pourtant moi j´peux pas me passer de l´océan pour exister
M´échapper au large, trouver la liberté
C´est un peu ça mon vieux, la mer me rend heureux
Ce trois-mâts au bord du suicide
Amarré par quelques vieux bouts
Qui n´en peuvent plus d´ tourner en rond
Pour ne pas finir dans le fond
C´te trois-mâts qui devient fragile
Jouant les durs pour pas qu´on l´engueule
Pour pas qu´on l´oublie dans un port
Visité par quelques croque-morts
A la porte du voyage, quand le corbeau sort de sa cage
Nous on s´enferme dans c´te caveau
Ça nous mène les tripes en bateau
A la porte du voyage, j´ te raconte pas comme c´est la guerre
Quand faut t´nir le monstre en pleine mer
Ce soir j´l´ai amer, on pêche le malheur, Bon Dieu! c´est l ´horreur... ma mère