Je voudrais me tailler d'un coup d'pinceau de l'autre côté de l'Atlantique
Loin des métros, m'aérer le pif et les hublots dans le tableau du grand naïf
Que Sylvie, la jolie patronne d'un p'tit resto des Buttes Chaumont
A suspendu juste au dessus du piano droit qu'on caresse plus que du bout des yeux
Vu qu'il a supporté des tonnes de doigts et qui sonne plus faux que le tocsin
De la caserne des sapeurs-pompiers de Saint-Ripolin
Je voudrais me poser sur sa palette, touiller ses tâches, piquer une tête
Dans ses pots d'gouache, plonger mon coeur dans ses tons vifs du primitif enjoliveur
Planter ma femme sur son eden, offrir des vacances à mes peines
Étendre mes ailes, les yeux au ciel et les pieds nus comme Adam et Eve au début
Dans ce joli coin de paradis perdu d'où vient tout l'Amour ingénu
Qu'on ne peut voir que dans le regard du naïf Haïtien
Qui va m'tirer les oreilles avant que le soleil se soit fait manger
Par l'horizon et que le démon de la liberté m'ait capté dans son champ de vision
Comme un gros caméléon captif et qu'à la fin de sa journée, le grand naïf
Prenant son tableau sous le bras, emmène au coeur de sa maison
Loin des hauteurs des Buttes Chaumont de Paris
L'ami qui vient de se faire la belle sur les ailes de la création du naïf Haïtien