Il était une fois Mino

J'ai pas pleuré à la naissance, j'ai pleuré quatre ans après
On m'a dit qu'à l'hôpital ma mère m'avait laissé tomber
J'ai pas pleuré longtemps, mes larmes n'ont pas cru
Ici tu pars comme t'es venu, moi je suis né de père inconnu
Génération perdue, le monde est déjà plein
Dès mon plus jeune âge ils m'ont jeté dans le grand bain
Heureusement, la vie m'a tendu la main
Je suis adopté par ma mère, ma famille, par les miens
Et j'me présente nature
Plus tard j'apprendrais qu'ils avaient tous une bonne escuse
Au fond de ma bulle quand le monde m'abuse
J'en dirais plus quand j'deviendrais adulte
Fils unique, dire que j'étais seul
Mais putain de merde, j'avais un frère et des soeurs
Eux ne savaient pas, ça me chagrine depuis XXX
Ma famille m'appelle Mohamed Amine

Moi je suis né ici, mon âme est née là-bas
J'ai l'orgueil dans le jean et le coeur en djelabah
J'grandis entre le centre ville et le petit séminaire
La rue, les bagarres, dans mes bagages j'ai la dalle
Entre les riches, les pauvres, la XXX et la new team
J'ai grandi entre les juifs, les chrétiens et les muslims
Ma mère n'a jamais fermé les volets
C'est peut-etre pour ça que j'peux comprendre les voleurs et les
Volés
Femme de ménage dans un lycée puis chez des particuliers
De mon immeuble elle fait même les escaliers
Une robe par année, c'est pour moi qu'elle a trimé
Je viens de comprendre pourquoi ça s'appelle école privée
Ma mère, une grande dame, a éclairé mon parcours
Au grand dam de ma mère j'suis pas allé longtemps en cours
Ca me tue de savoir qu'elle perd ses jours
Des perles de larmes coulent sur ses joues
J'avais sept ou huit ans la premiere fois où je suis mort
Seize ans, dix-sept ans je n'ai pas pleuré sur mon sort
A dix-neuf j'ai compris ce qui me tue me rendra fort
Et les gens m'appelle l'enfant du vieux port

Une véritable claque dans la figure, mon écriture se manifeste
Le rap m'a mit une disquette à la fin 97
La musique m'a dit "reste, va pas jouer au con!"
Depuis mon premier couplet de l'encre a coulé sous les ponts
J'attrape le rap a l'arracher sans calcul de plan B
Met en route la machine, vie sans inventer
Envie de croquer le monde et quand on commence a marcher
Demande au Rat en ville ça pue le vice a plein nez
La Busserine, la Savine, de la Friche au cours Julien
J'écris mes premières rimes, j'apprends le son à la bien
Mes premiers concerts IAM, le Troiz', et la FF
Mes premiers freestyle, p'tit nerveux déja XXX
Je veux qu'on se souvienne que j'pesais chacun de mes mots
J'marche dans ma ville comme j'écris mes morceaux
Que j'monte sur scène, le sourire, le sac à dos
Je veux qu'on se souvienne qu'il était une fois Mino

Paroles rédigées et annotées par la communauté française de Rap Genius