Descente en Enfer

[Couplet 1]
Bonjour le monde, et au premier qui lira cette lettre
Mon corps doit baigner dans l'sang, et ça à quelques mètres
La vie ne m'a pas laissé le choix
C'était trop lourd pour moi d'me promener sans cesse avec une croix
Putain, moi qui suis né dans une famille aisée
Jamais visé par la misère, ma moitié prisée
J'me retrouve dans un taudis d'une chambre d'hôtel avec comme colocataires des rats
Comme compagnies des putes et mes doigts
Jusqu'à trente ans, j'connaissais pas le prix d'une baguette
D'un ticket d'métro
Mon ascension était ma seule conquête
J'vivais les pieds sur la table et les bras croisés
Mon âme était blanche mais mon esprit un peu trop froissé
Mon père voulut absolument qu'j'me marie avec Fanny
Sans amour, notre mariage, lui s'est très vite fané
Des années d'bonheur où j'me suis caché derrière une caricature de bonhomme
J'étais pas du style à jouer les économes
J'flambais en Ferrari
Rarissimes étaient les moments où j'cramais pas plusieurs billets dans quelques paris
Pas une seconde, j'aurais cru finir ainsi
Moi qui collectionnait les tableaux d'Picasso et Léonard de Vinci

[Interlude (extrait de film)]
Sans une adresse, sans l'aide sociale
Alors ça c'est bien vrai, ma gueule, cette poignée d'biftons elle est vitale
Tony Brady c'qui fait la différence entre rester l'ventre vide ou pas
Absolument Tony, une bonne chance
Michael Lynch, comment ça va aujourd'hui?
Qu'est-ce qu'on deviendrait sans l'aide sociale?

[Couplet 2]
Un jour la mort est venue frapper à la porte de la maison familiale
Y a emporté mon père, ce fut un événement crucial
Car à peine incinéré, des huissiers peu embêtés
Sont venus nous annoncer qu'mon père était fort endetté
Et que par conséquent, moi et ma mère on héritait d'ses dettes
Atteinte déjà d'un cancer, ma mère n'était pas prête
À entendre des tels propos
Quelques jours après, son cœur s'est mis également au repos
C'était trop d'chocs émotionnels en un laps de temps
J'ai vendu les maisons, les voitures mais c'était insuffisant
Maintenant, l'État a menacé d'm'incarcérer
Si j'réglais pas tout au plus vite, j'vivais le cœur serré
Entre la peine de la perte d'êtres chers
Et le prix qu'la vie m'faisait payer que j'trouvais un peu trop cher
Et dans ces cas-là, y a plus trop d'chers autour de soi
Moi qui était athée affirmé, j'me suis mis à avoir la foi
Mais c'était trop tard, j'étais comme un boxeur avec trop d'cocards
Un homme en pleine autoroute en face d'un autocar
Roulant à toute vitesse, dans une voie sans issue
Un mec le corps dans l'vide, se raccrochant à un bout d'tissu
J'ai fait de la manche et mon ex-femme me réclamait une pension alimentaire
La vie a d'quoi donner des frissons
C'n'était qu'élémentaire car y avait plus rien à l'horizon
À part des barreaux, des murs, des barbelés, d'énormes prisons
Merde, le hasard a fait qu'j'ai ramassé un flingue chargé
Enfin de tout ce poids, je pourrai me décharger
Tu sais, j'aurais voulu vivre un peu plus longtemps
Mais tu sais chaque chose, chaque cellule a son temps
[détonation d'arme à feu]

[Outro]
[tonalité téléphone]
"Votre appel a été transféré vers le répondeur vocal SFR de votre correspondant
Au signal, veuillez enregistrer votre message"