Quand on écoute Susanoô pour la première fois, on est pris dans un tourbillon dʼinfluences. Le jeune rappeur de vingttrois ans porte le nom du dieu de la tempête japonais. Raconte lʼamour comme un artiste de variété française, chante avec lʼaisance dʼune popstar, et a le groove du funk. Sa musique transpire lʼamour des mélodies et des mots. Susanoô a grandi en écoutant Stromae, Jacques Brel, Balavoine, et le meilleur de la musique afro-américaine. Cette culture éclectique, il lʼa construite lui-même, depuis sa chambre.
Arrivé au Mans pour faire son collège, après une enfance au Cameroun et un rapide passage à Paris, il grandit dans un quartier populaire, où les rapports entre la police et les jeunes sont souvent violents. lʼado rêveur nʼest pas du genre à faire des bêtises, bien encadré par son grand frère, mais a envie de poser des mots sur la dure réalité quʼil voit au travers des ateliers dʼécriture. Susanoô construit sa bulle, trouve un exutoire pour poser des mots sur ses émotions. Il écrit aussi des textes pour des amis qui font de la chanson, mais ce quʼil préfère, cʼest parler de ce quʼil a dans la tête.
Pour coller à ses textes, il lui faut des mélodies en parfaite adéquation avec ses sentiments. Et ces mélodies, il nʼy a que lui qui peut les composer. Alors il apprend le piano puis se met à la composition. A ce moment-là, le beatmaking au Mans est en pleine ébullition. Susanoô apprend aux cotés de Heezy Lee et Jack Flaag, producteurs de renom ayant collaboré avec Booba ou Ninho. Enrichi de cette expérience, il produit alors le lumineux morceau « Street » de Maes en 2019, avec son acolyte Big Dada. Très vite, les rythmes syncopés et lʼart de la mélodie de Susanoô séduisent. Le titre cumule près de 45 millions de vues. Il sort alors son premier EP solo ICHI chez Scorpio Music, dont le single « Raison » fera beaucoup de bruit. Depuis, il produit pour dʼautres artistes tels que RK, La Fouine ou encore Ninho et YL. Susanoô est prêt à sʼadresser au grand public, avec sa personnalité calme, atypique et attachante. Le Susanoô japonais – le dieu de la tempête – est connu pour avoir vaincu un dragon à huit têtes. Le Susanoô manceau, lui, mène un combat bien différent. Celui dʼaborder les thèmes du quotidien, sociaux ou intimes, mais avec pour point dʼhonneur de toujours trouver un angle original. Son combat, cʼest aussi dʼaffronter ses démons intérieurs, des souvenirs de la pauvreté aux peines amoureuses, en les racontant sur disque ou sur scène.
Pour mener cette lutte interne, Susanoô ne se pose pas de barrières musicales : ses mélodies sont comme ses humeurs, elles peuvent rire comme pleurer. Lʼartiste travaille ses morceaux comme des dessins ; chaque mot a sa place, chaque instrument est minutieusement déposé, comme une touche de couleur. De sa voix haut perchée, il nous plonge dans ses sentiments les plus intimes. Susanoô nʼen est quʼau début de son voyage dans la musique, mais il est déterminé : ce dragon à huit têtes, il aura sa peau.