Gaston Miron (né à Sainte-Agathe-des-Monts le 8 janvier 1928, et mort à Montréal le 14 décembre 1996) est un poète et éditeur québécois. Le Québec lui offre des obsèques nationales, dans sa ville natale, le samedi 21 décembre 1996. Il est considéré comme un éminent «poète national» du Québec.
Outre un livre coécrit avec Olivier Marchand en 1953, Deux sangs, Miron aura été l'homme d'un seul recueil, L'homme rapaillé, qu'il ne cessa jamais de retravailler, même après sa publication, offrant à maintes reprises des nouvelles éditions augmentées, présentant des poèmes inédits ou d'autres encore remaniés. Ce livre est considéré comme un des plus importants recueils de poésie de l'histoire littéraire québécoise. Un second livre, Poèmes épars parait de manière posthume en 2003, puis une compilation de ses textes en prose en 2004, Un long chemin: proses (1953-1996).
Miron, qui se qualifie lui-même de «commis voyageur de la poésie», œuvre dans le milieu de l'édition et de la diffusion du livre, en parallèle avec son travail d’écrivain.
En effet, en 1953, il est un des six cofondateurs de la première maison d’édition de poésie québécoise, les Éditions de l’Hexagone, en compagnie de cinq jeunes connus à l’Ordre de Bon Temps: le poète Olivier Marchand, l’épouse de celui-ci, Mathilde Ganzini, le décorateur Jean-Claude Rinfret, et les futurs cinéastes Louis Portugais et Gilles Carle. Auparavant, les poètes du Québec devaient publier à leurs frais: seules quelques personnes issues de la bourgeoisie pouvaient se permettre d'éditer leur œuvre. En 1956, l’Hexagone devient une société légale et participe ensuite à la publication des revues Parti Pris et Liberté. De 1961 à 1971, l’Hexagone publie deux à quatre titres par année. La maison connaît par la suite un essor dans les années 1970 et 1980,
alors que l'Hexagone devient davantage une entreprise commerciale et se diversifie, publiant des essais et des romans en plus de la poésie.
Miron dirige l'Hexagone durant les trente premières années, jusqu'en 1983. La maison d'édition sort sa collection de poche, Typo, en 1985.
Miron viendra tardivement à l’engagement politique. Ce n'est que peu à peu qu'il deviendra critique du régime Duplessis. Il ne manque pas d’être choqué par la répression du mouvement syndical par le gouvernement de l’Union nationale, notamment lors de la grève des mineurs de Murdochville, en Gaspésie. Accompagné de Pierre Vallières, il prend part à des réunions d'appui aux mineurs, aux côtés du syndicaliste Michel Chartrand.
Alors qu'il milite déjà au Parti social démocratique (PSD), l'aile québécoise du Coopérative Commonwealth Federation (CCF), il décide de se porter candidat aux élections fédérales du 10 juin 1957 dans le comté d'Outremont. Il est défait par Romuald Bourque, candidat du Parti libéral du Canada. Il se représentera lors du scrutin du 31 mars 1958, avec le même résultat. Il ne prendra plus jamais part au jeu électoral. Sauf, en 1972, par dérision, lorsqu'il se portera candidat du Parti Rhinocéros de Jacques Ferron.
Au début des années 60, sa pensée prend une tournure plus radicale. Lors de son premier voyage en France, en 1959, il est mis en contact avec la réalité de la décolonisation, qu'il met en rapport avec la situation du Québec de l'époque. Il sera proche de la nouvelle revue de gauche Parti Pris et participera aux efforts visant à aider financièrement la défense des membres emprisonnés du Front de libération du Québec (FLQ). Il sera l'un des membres fondateurs du Mouvement pour la défense des prisonniers politiques québécois en 1970, ce qui attirera sur lui l'attention des autorités fédérales. Mais peut-on aller jusqu'à dire qu'il soutenait les actions du FLQ? Pour son biographie Pierre Nepveu, « la réponse n'est pas simple, et l’on peut penser que, sur ce plan, depuis les premiers événements terroristes de 1963, il a toujours cultivé l’ambiguïté ».
Il fut incarcéré sans preuve ni accusation ni jugement de cours, durant onze jours, comme environ 450 autres artistes, poètes, activistes, nationalistes québécois, en octobre 1970, à la suite de l’invocation d’une vieille loi d’exception (la loi fédérale dite des mesures de guerre) par le gouvernement fédéral de Pierre Elliott Trudeau.
Son oeuvre littéraire, comme son apport à la culture québécoise, fût récompensé de nombreux prix et hommages, dont les suivants:
1970: Prix de la revue Études françaises
1970: Lauréat du prix littéraire France-Canada
1971: Grand Prix littéraire de la Ville de Montréal pour L'homme rapaillé
1972: Prix littéraire Canada-Communauté française de Belgique
1978: Prix Ludger-Duvernay
1981: prix Guillaume-Apollinaire pour L'homme rapaillé
1983: Prix Athanase-David
1985: Prix Molson
1988: Prix Fleury-Mesplet
1991: Médaille de l'Académie des lettres du Québec
1991: Ordre des francophones d'Amérique
1993: Prix Le Signet d'Or, catégorie Rayonnement à l’étranger
1993: Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres de la République française
1995: Doctorat honorifique de l’Université de Montréal
1996: Officier de l’Ordre national du Québec
1997: sa ville natale, Sainte-Agathe-des-Monts, nomme «Bibliothèque Gaston-Miron» la bibliothèque municipale.
2003: la bibliothèque de la délégation générale du Québec à Paris est devenue la Bibliothèque Gaston-Miron. En 2012, elle a été transféré à la Sorbonne Nouvelle (Paris 3), dans le 5e arrondissement de Paris. Connue aujourd'hui sous l'appellation Bibliothèque Gaston-Miron – Études québécoises, il est prévu qu'elle déménage en 2019 dans les nouveaux locaux de l’université, dans le quartier Picpus, près de la place de la Nation.
2008: est inauguré, au Département des littératures de langue française de l'Université de Montréal, le Centre d'archives Gaston-Miron (CAGM), qui « a pour vocation première de contribuer à la mise en valeur des archives sur la littérature québécoise et le discours culturel conservées sur support audio ou vidéo ». Le CAGM est rattaché au Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ).
2010: Une plaque commémorative est dévoilée par Bernard Landry, ex-premier ministre du Québec et Grand officier de l'Ordre national du Québec. Cette plaque est installée sur la maison du 4451 rue Saint-André à Montréal où a habité Gaston Miron à l’époque où il écrivait L'homme rapaillé.
L'édifice Gaston-Miron est le nouveau nom officiel de l'ancienne bibliothèque centrale de Montréal qui était la bibliothèque principale de Montréal avant la venue de la Grande Bibliothèque en 2005. Depuis 2009, l'édifice est occupé par le Conseil des arts et le Conseil du patrimoine de la Ville de Montréal.
Selon le répertoire de la Commission de toponymie du Québec, cinq rues au Québec, ainsi qu'une impasse et un croissant, honorent la mémoire du poète.